Canal du Midi, l'oeuvre de Riquet
C’est d’un chef-d’œuvre inachevé du génie civil qu’il s’agit, puisque le Canal du Midi devait relier l’Atlantique à la Méditerranée afin d’éviter de faire le tour de la Péninsule ibérique, via le détroit de Gibraltar.
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Ce vieux rêve qui trottait déjà dans la tête de Néron, de Charlemagne ou de Henri IV, Pierre-Paul Riquet de Bonrepos (1609-1680), l’homme du Canal, l’eut aussi, et ce percepteur de la gabelle qui vit à Revel, dans le Lauragais, va accomplir l’un des ouvrages les plus fous du XVIIe siècle. Des travaux titanesques débutèrent en 1667, sous le règne de Louis XIV, au lac de Saint-Ferréol où tous les cours d’eau environnants issus de la Montagne Noire furent assemblés dans un premier bassin réservoir immense. La première pierre d’un gigantesque barrage est posée. 12 000 ouvriers travailleront 14 années durant au creusement colossal des 242 km de ce long canal qui relie Toulouse à l’étang de Thau, à Marseillan (près de Sète) depuis plus de trois siècles, et qui comporte plusieurs tronçons et « biefs de partage ». Riquet ne verra pas l’aboutissement de l’œuvre de sa vie (à laquelle le talent de Vauban s’adjoignit à partir de 1686), puisqu’il rendit l’âme trois mois avant son inauguration en 1681. Notons que François Andréossy, bras droit de Riquet, géomètre, cartographe de talent, veilla à l’achèvement des travaux après la disparition de son maître durant huit ans. Formidable voie d’eau servant au transport de marchandises diverses (céréales, vin, soie, sel...) jusque dans les années 1980, lorsque le rail le concurrença définitivement, le Canal du Midi sert aujourd’hui à la navigation de plaisance, ainsi qu’au tourisme pédestre et à vélo sur ses berges, ou chemins de halage. Classé au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1996, son entretien est assuré par les Voies navigables de France (VNF).
Relier les deux mers
Ce que l’on nomme le Canal des Deux Mers (l’addition du Canal du Midi et du Canal latéral à la Garonne) pourrait concrétiser le vieux rêve de joindre l’une à l’autre, puisque, en prolongement du Canal du Midi, à partir de Toulouse, le Canal latéral à la Garonne, 173 km, creusé et construit de 1839 à 1856, remonte jusqu’à Castets-en-Castillon, soit à une cinquantaine de kilomètres de Bordeaux. Voie navigable également bucolique et dédiée au tourisme fluvial, le Canal latéral souffrit lui aussi du développement du chemin de fer, qui mit fin au transport de marchandises par voies d’eau.
Aujourd’hui, le tourisme fluvial bat son plein, et il est même possible de naviguer sur le Canal du Midi en louant une pénichette électrique ne nécessitant pas de permis fluvial. La vitesse étant limitée sur tout le trajet (6 km/h en moyenne), il faut compter une semaine pour relier Toulouse à Sète. Les ouvrages d’art ne manquent pas sur le trajet : il y en a 350, ajoutés aux 63 écluses (certaines sont circulaires), 126 ponts, et autres lavoirs, aqueducs, musée, pont-canal, tunnel... De quoi réaliser une croisière paisible en pleine nature, et chargée de culture. Léon Mazzella
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